LANVIN & ÂGE Paris : rencontre avec Eva Del Signore, alumni MOD’SPE

Bonjour Eva, pouvez-vous vous présenter ?

J’ai eu la belle opportunité de réaliser mon premier stage au sein de la maison LOEWE en tant qu’assistante de développement ready to wear. C’est d’ailleurs grâce à MOD’SPE que j’ai obtenu ce poste, à la suite d’une conférence que nous avions eue à l’école. J’ai eu la chance de rester en CDD pendant un an et demi en tant qu’acheteuse fournitures et tissus. Cette expérience m’a permis de me spécialiser dans les achats. Ensuite, j’ai continué dans cette voie au sein de Maisons telles que Courrèges, Céline ou Poiret. Je suis actuellement Coordinatrice recherche et développement chez Lanvin depuis 4 ans.

Je coordonne l’ensemble des achats matière, des broderies, des fournitures, mais aussi le développement des imprimés de la collection. Mon rôle est de faire en sorte que tous les projets soient développés et industrialisés, en accord avec les volontés du style et du studio en apportant des solutions à l’équipe de production. 

Aujourd’hui, Lanvin possède plusieurs boutiques dans le monde. Elles sont implantées principalement en Europe, aux États-Unis et en Asie. Nos marchés les plus porteurs sont les marché asiatique et américain. Ce sont eux qui nous font vendre et pérenniser la marque aujourd’hui.

Pourquoi avez-vous choisi de vous orienter dans le secteur de la mode ?

En arrivant chez MOD’SPE, je savais que je voulais faire de la mode. Ensuite, j’ai compris que je voulais aussi m’orienter vers le luxe.

Avec quels profils de professionnels évoluez-vous chez Lanvin ?

Chez Lanvin, je travaille en étroite collaboration avec la Direction artistique et le studio de designers. J’assiste à tous les kick off. C’est le moment où le Directeur artistique insuffle les premières idées et les premières lignes d’une nouvelle collection. Il va parler de silhouettes et des archives qu’il a trouvées. Il peut aussi suggérer des tissus et des inspirations pour les imprimés qu’il ramène de ses voyages. C’est à ce moment-là qu’il commence à écrire l’histoire de la nouvelle collection.

© LANVIN

Nous travaillons aussi énormément avec l’équipe de production. En parallèle, il arrive égalemnent que nous ayons à développer des produits prêt-à-porter qui ont été imaginés pour un défilé. Ce sont les pièces dites « images ». A l’origine elles ne sont initialement pas vouées à être commercialisées à grande échelle. Néanmoins, elles sont présentées lors des défilés pour montrer le savoir-faire de la Maison. Ce type de produit peut donc poser certains problèmes en termes d’industrialisation. Notre objectif est de collaborer avec l’équipe de production pour leur proposer des options viables pour les concevoir.

Ensuite, nous travaillons avec le service Merchandising pour construire le plan de collection. C’est à ce moment-là que l’on va connaître le nombre de modèles et de coloris dont ils ont besoin par catégorie et donc le nombre de matières que nous devons sourcer. Nous allons aussi en amont, établir les limites de prix. C’est en effet une étape importante quand on source les matières premières. Une fois que le défilé ou que le collection a été présentée, le service merchandising nous fait ensuite un retour sur les pièces qui ont eu du succès. Cela nous permet d’identifier les best-seller de la saison et donc de continuer dans cette direction en termes de matières.

Enfin, nous travaillons parfois avec l’équipe Accessoires lorsqu’il y a des besoins en tissus pour des sacs ou des chaussures par exemple.

SS22 © LANVIN

Quels sont les projets dont vous êtes le plus fière ?

Selon moi, chaque collection et chaque défilé est un vrai projet qui a du sens. Dans mon équipe, on travaille sur tous les projets en même temps. Que ce soit avec le show, avec les VIP ou les projets spéciaux. Le fait de pouvoir coordonner tout cela et de voir qu’au bout du compte, tout prend vie et existe, c’est quelque chose qui rend fier et stimule les équipes. A la fin d’un défilé, quand tout le monde applaudit et se saute dans les bras, c’est un moment plein d’émotion. Cela marque la consécration d’un long projet.  

Ensuite, il y a les tenues de scène pour des artistes ou lors du Festival de Cannes. Ce genre de projet est assez court. Mais on voit le résultat très rapidement. Nous sommes souvent prévenus à la dernière minute. Ce sont des projets stimulants car ils permettent de rythmer la cadence des collections qui durent 6 mois.

Collaborations GALLERY DEPT x LANVIN

Que retenez-vous de vos années chez MOD’SPE ?

J’ai adoré les cours de textile ou l’on pouvait manipuler et toucher les textiles. À MOD’SPE, il y a la Tissuthèque : c’est une bibliothèque de tissus où l’on peut venir s’inspirer pour les plans de collection. Je pense que c’est ça qui fait la force de MOD’SPE : cette approche très professionnelle des métiers et du secteur.

Ensuite, j’ai d’excellents souvenirs du processus de collection. C’est un projet exaltant et excitant ! Ce projet nous permet de prendre confiance en nous. On prend conscience qu’on a les capacités pour mener des projets de A à Z. On touche à tous les aspects du business plan jusqu’à la réalisation des croquis et de la sélection tissus. Le processus de collection m’a beaucoup formé. Je me suis rendu compte que j’avais acquis toutes les compétences pour créer ma propre marque.

MOD’SPE, l’école des rencontres

Enfin, MOD’SPE m’a permis de faire des rencontres avec des professionnels du secteur. Personnellement, je n’avais pas l’impression d’avoir des professeurs en tant que tel. En face de moi, j’avais des professionnels qui travaillaient ou ont travaillé en dehors de leurs cours à l’école. Ils ont tous leur carrière dans la mode. Cela nous permet d’avoir leurs retours d’expérience et de nous dire que leur enseignement n’est pas uniquement théorique. Ils connaissent parfaitement les métiers qu’ils enseignent. Ce type d’approche est beaucoup plus percutant pour les étudiants. 

J’ai commencé à apprendre la technologie des textiles à l’école et aujourd’hui j’apprends encore de nouvelles techniques d’impression ou de broderie. La mode est un savoir-faire inépuisable. C’est ça qui est beau. C’est aussi une industrie qui évolue très vite. La nouvelle génération est beaucoup plus tournée vers l’éco-responsabilité. Elle a une base car elle a grandi dans une société qui n’était pas la même que nous à notre époque. MOD’SPE nous formait déjà à l’éco-responsabilité. Mais aujourd’hui, c’est la clé dans cette industrie pour le futur de la mode. Les futurs diplômés MOD’SPE ont vraiment leur carte à jouer. Le secteur a besoin de profils comme les leurs pour révolutionner la mode et déconstruire les stéréotypes en entreprise. Le marché a évolué avec les réseaux sociaux notamment.

Cette année, MOD’SPE fête ses 30 ans. Quels vœux d’anniversaire souhaitez-vous à l’école pour l’avenir ?

Je souhaite à MOD’SPE de continuer à se pérenniser et à former les futurs talents de la mode. Finalement, c’est ceux avec qui je vais travailler demain. C’est important de continuer à avoir des écoles qui sont professionnalisantes et pourquoi pas ouvrir de nouveaux campus dans le sud ?

Depuis que j’ai terminé mes études, je constate l’évolution de l’école notamment sur la communication. Dans le milieu, MOD’SPE a une vraie renommée. Beaucoup d’étudiants ont été diplômés de cette école et travaillent aujourd’hui. Je souhaite encore plus de réussite pour MOD’SPE pour que l’école puisse continuer d’enseigner son expertise du secteur.

Vous possédez également votre propre marque. Pouvez-vous nous en parler ?

ÂGE est un jeune label d’upcycling. Nous aimons réutiliser des vêtements de seconde main qu’on chine sur Internet ou en friperie, ou même lors de vides-dressings. Nous sommes très pointilleuses sur les matériaux qu’on utilise afin de proposer des modèles viables. Les belles pièces de qualité sont celles qui ont été produites avant l’arrivée des mass market et de la fast fashion.

On utilise par exemple des chemises pour hommes que l’on va modifier pour créer des chemises pour femme. Nous voyons cela comme la passation d’un héritage. Nos vêtements ont appartenu à quelqu’un d’autre et nous voulons justement jouer sur cette histoire qu’ont les vêtements. Nous utilisons des vêtements déjà produits contrairement à d’autres marques écoresponsables qui utilisent des stocks dormants de maisons de luxe par exemples pour créer de nouveaux modèles.

ÂGE x H&M

Nous produisons en tout petite quantité. Une collection compte environ 30 pièces maximum. Nous vendons sur plusieurs marketplace écoresponsables. Nous allons bientôt communiquer sur notre première collaboration avec H&M.

ÂGE x H&M © ÂGE Paris
Partagez cet article

L'actualité de la communication & de la mode